Pilat 2008 : 9 juin - Chapelle St-Sabin, Crêt de la perdrix

Séjour botanique du 7 au 14 juin 2008 : parc régional du Pilat

Hébergement : Hôtel de France, 56 grande rue - 42660 Le Bessat

 

Lundi 9 juin : deuxième journée

Au programme :

- matin : chapelle Saint-Sabin

- midi : pique-nique près de la chapelle St-Sabin

- après-midi : crêt de la perdrix

Nous en sommes à notre deuxième journée de séjour dans le massif du Pilat. Aujourd'hui, nous espérons surtout que les conditions atmosphériques seront plus clémentes que la veille. Voilà ce qu'écrivait notre regrettée Hélène, alors notre Présidente, pour exprimer ses premières appréciations relatives à ce début de journée :

"Tiens ! Ce matin en ouvrant les volets, je vois la mairie. C'est donc que le brouillard s'est levé. Après un court entretien avec l'hôtelier, nous décidons de partir vers la chapelle Saint-Sabin. Il nous faut l'aide de charmants ouvriers pour quitter le parking. Les routes sont en travaux et il n'est pas facile de circuler." 

Les objectifs de la journée : chapelle St-Sabin - Crêt de la perdrix

Lundi 9 juin : matinée - Chapelle Saint-Sabin

Le rituel convoi de voitures s'est formé et c'est le départ vers notre objectif de la matinée. Le brouillard est encore présent mais cependant beaucoup moins épais que la veille. Il ne pleut pas et c'est un grand soulagement. Le parcours s'effectue sans encombre jusqu'à une zone de stationnement aménagée à cet effet. De ce lieu, la chapelle n'est accessible que par un sentier que nous empruntons alors, bardés de nos équipements habituels. Nous cheminons sur une montée qui ne pose pas de difficultés. De temps en temps le soleil fait une timide percée à travers la brume. Va-t-il enfin finir par avoir le dessus ?

Et nous voici arrivés à la chapelle, malheureusement noyée dans la brume et cela est bien attristant car cette construction est bâtie sur un piton rocheux à une altitude de 1 120 m et domine le paysage environnant. Par beau temps nous devrions bénéficier d'un panorama exceptionnel sur le barrage du Ternay, l'Ardèche, le Vivarais et une partie de la vallée du Rhône. De temps en temps, une brève percée du soleil ne nous dévoile que le bourg de Veranne, situé en contrebas de la falaise.

 

 

Lieu christianisé

La chapelle, construite en 1683, est dédiée à Saint-Sabin, évêque de de Spolette, en Italie, qui fut martyrisé vers l'an 303. Mais une petite chapelle avait déjà été érigée en ce lieu dès le Moyen-Age. Des légendes diverses courent sur Saint-Sabin, considéré ici comme le protecteur des troupeaux. Chaque année, le lundi de la Pentecôte, un pélerinage se déroule encore en ce lieu. Un panneau explicatif dont est extraite l'image ci-dessous le confirme. Cette date a été établie dans la continuité du culte païen célèbrant la floraison. L'Alchémille des Alpes ou Herbe de Saint-Sabin poussait là où le saint homme faisait paître ses boeufs. On en faisait des bouquets que l'on accrochait au-dessus des portes des écuries pour protéger les animaux des épidémies et autres dangers.

Lieu protohistorique

A son essor, le Christianisme s'est approprié l'endroit en se substituant aux anciennes croyances comme en témoignent les vestiges voisins. On pense, sans cependant pouvoir l'affirmer avec certitude que ce lieu a été jadis un sanctuaire voué à la célébration d'un culte celtique. On y voit encore une enceinte de pierres sèches, une pierre supposée sacrificielle, un tumulus...

 

< Pierre sacrificielle

Les cupules creusées à la surface étaient destinées à recueillir un liquide dont on ne peut dire s'il s'agissait de sang de victimes ou tout simplement de l'eau servant aux rituels.

 

Le tumulus >

La forme et la disposition de cet amas de pierres laisse à penser qu'il s'agit effectivement d'une sépulture mais la confirmation de cette hypothèse reste encore à venir.

Propos sur l'Alchémille

L'Alchémille, rosacée vivace, porte aussi d'autres noms populaires, notamment Porte-rosée ou Mantelet-de-Notre-Dame, ceci en raison de la forme très particulière de ses feuilles pliées en éventail qui se déploient en coupe festonnée où brillent le matin de grosses perles d'eau. Au Moyen-Age, les alchimistes désignaient ces gouttelettes exudées par le bord des feuilles sous le nom de "eau céleste". Et ils utilisaient cette eau dans leurs recettes à la recherche de la pierre philosophale, pierre qui, selon eux, devait opérer la transmutation des métaux en or.

Après cette plongée dans le passé où se mêlent l'Histoire et les légendes vient le moment de rebrousser chemin. Les conditions atmosphériques ne se sont toujours pas modifées : le brouillard persiste avec, de temps en temps, une percée très éphémère de l'astre solaire. Maigre consolation : il ne pleut pas !

Retour en descente par le même sentier vers le parking et avec l'agréable perspective de nous restaurer bientôt. Tout le long de ce trajet nous faisons néanmoins quelques arrêts afin d'observations botaniques.

< Sureau à grappes - Sambucus racemosa
 
< Stellaire holostée - Stellaria holostea >
 
< Genêt velu - Genista pilosa >
 
Le genêt velu est très ramifié. Ses tiges ligneuses sont velues, lisses à l'état jeune devenant verruqueuses en vieillissant. Les feuilles sont à bords ciliés, glabres sur la face supérieure et velues sur la face inférieure. Les fleurs ont des pétales présentant une pilosité argentée. 

< Cladonies

Cladonies (en fructifications) >

Parmi les lichens, le genre Cladonia renferme de nombreuses espèces dont l'identification précise reste difficile, même pour les plus expérimentés.

 
< Maianthème à 2 feuilles - Maianthemum bifolium >

Lundi 9 juin : midi - Pique-nique près de la chapelle Saint-Sabin

C'est près de l'endroit où nous avons garé nos voitures que nous nous installons pour un pique-nique réconfortant. Tout à l'heure, nous reprendrons nos voitures pour nous diriger vers La Jasserie.

Lundi 9 juin : après-midi - Crêt de la perdrix

Le trajet effectué sans problème, nous voici maintenant arrivés à La Jasserie. Impossible d'ailleurs d'aller plus loin car la route carrossable s'arrête ici. Nous sommes au pied du Crêt de la perdrix, à l'altitude 1308m. C'est ici également que la rivière Gier, affluent du Rhône, prend sa source. La Jasserie était jadis une bergerie d'altitude, une ferme-refuge où l'on rentrait les troupeaux la nuit et où les bergers pouvaient s'abriter, dormir et procéder à la fabrication du fromage. Elle dépendait de la Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez comme en témoigne encore le clocheton qui surmonte le bâtiment. La cloche servait à guider les pélerins perdus dans le brouillard. La Jasserie est maintenant devenue une ferme auberge d'altitude.

La cour de La Jasserie avec son puits >

Ces lieux très isolés et donc mystérieux sont chargés de légendes diverses. On dit par exemple que Ponce-Pilate, pris de remords, se serait jeté dans le puits. La Jasserie est maintenant une auberge d'altitude.

< En route vers le Crêt

Une fois équipés, nous empruntons le sentier qui mène au Crêt. Nous devons nous élever d'environ 130 m pour arriver au but fixé. Le trajet à parcourir sera assez long, probablement plus de 2 km car la pente reste très douce pendant un bon bout de temps.

Le long du sentier, quelques observations

< Airelle rouge - Vaccinium vitis-idaea
 
Alchémille des Alpes - Alchemilla alpina >

 < Nous traversons un chirat, une pente garnie de gros blocs de roche, semblant déposés là comme par magie, beaucoup plus nombreux en bas de pente.

Ces formations, fréquentes ici, ont leur origine à l'ère quaternaire, la bien connue période glacière. Sous l'intense action du gel, la roche granitique de surface a éclaté, puis les blocs emprisonnés par la glace ont fait partie d'un petit glacier qui a glissé le long de la pente, les entraînant plus bas.

La montée vers le Crêt >

devient plus pénible, avec une pente qui s'accentue, sur un sentier garni de roches.

< Un regard en arrière, vers les retardataires. Nous sommes presque arrivés au sommet avec vue sur le chirat que nous venons de gravir. L'horizon est noyé dans la brume nous signifiant à l'évidence que le spectacle promis du panorama ne sera pas au rendez-vous.

Nous sommes arrivés au but. Réunion autour de la table d'orientation

< Le Crêt de la perdrix

 Altitude affichée : 1 434 m >

 

Et voici ce que nous aurions pu apercevoir si le brouillard n'avait pas été là

 

 

Vient le moment de la descente vers la Jasserie. Trajet effectué beaucoup plus rapidement qu'à l'aller avec une pause réconfortante à l'auberge avant de reprendre la route vers Le Bessat.

Une journée qui se termine encore dans le brouillard. Fera-t-il meilleur demain ?